lundi 27 juillet 2009

Le problème de la drogue aux Philippines ne cesse de s'aggraver

Fin juillet, la fille mineure d’un agent antidrogue a été enlevée, droguée et violée. Ce drame illustre la gravité du problème du trafic des narcotiques dans le pays. Aujourd’hui, aucun fonctionnaire – ni même ses proches – n’est à l’abri de représailles organisées par les groupes mafieux. En dépit de récentes victoires remportées par les autorités, comme la saisie en mai 2008 d’une cargaison de shabu (méthamphétamine) d’une valeur de 4,6 milliards de pesos [67 millions d’euros] à Subic [au nord-ouest de Manille], les actions engagées manquent de constance et de détermination. Dans l’archipel, le problème est en passe d’atteindre l’ampleur qu’il connaît en Colombie et au Mexique, pays aux cartels omnipotents.

Mais, visiblement, tant le gouvernement que le reste de la société ne s’en inquiètent pas outre mesure. Il a fallu un acte criminel abominable, autrement dit l’enlèvement et le viol d’une jeune fille semble-t-il par des trafiquants, pour qu’ils se penchent sur le problème. Les statistiques sont pourtant suffisamment édifiantes. Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas pris le problème à bras-le-corps ? Cela reste un mystère. Sur les 92 millions de Philippins, 3,4 millions consomment des stupéfiants. Le pays figure en cinquième position en termes de saisies de shabu entre 1998 et 2007. En 2008, des descentes ont été conduites dans dix laboratoires où cette substance était fabriquée. Et, pour finir, le trafic de drogue dans le pays générerait entre 150 et 300 milliards de pesos [2,2 à 4,4 milliards d’euros] par an.

Si le problème n’est pas réglé rapidement, les Philippines pourraient bien suivre le chemin de la Colombie ou du Mexique. En Colombie, les cartels de Medellín et de Cali [Valle del Cauca] ont été démantelés, mais des groupes plus petits se sont formés. L’Agence américaine de lutte contre la drogue (DEA) et la police colombienne estiment à plus de 300 le nombre de ces organisations opérant dans le pays. Au Mexique, le président Felipe Calderón a déclaré en 2006 une guerre totale aux cartels. Les agents du gouvernement ont appréhendé plus de 66 000 suspects, saisi des tonnes de cocaïne et de cannabis et intercepté des armes, des avions et des bateaux appartenant à des seigneurs de la drogue. Mais les violences liées aux affaires de drogue ont augmenté et près de 10 000 trafiquants, agents de l’Etat et civils, ont été tués dans cette guerre depuis janvier 2007. Le problème aux Philippines s’aggrave. Le gouvernement devra mener une guerre totale contre les mafias, mais de façon à faire le moins possible de victimes et de dommages collatéraux. Un bilan de 10 000 morts serait inacceptable.

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